Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a procédé, mercredi, à Kempinsky Fleuve Congo hôtel, au lancement des travaux de la « Table ronde sur la mise en place du Fonds national de réparation en faveur des survivants des violences sexuelles, liées aux conflits et autres crimes de guerre commis en République démocratique du Congo », initiée par la distinguée Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi.
« Depuis plus de deux décennies, des affres de conflits armés, qui drainent avec eux des désolations et autres méfaits, favorisent, à grande échelle, des crimes et violences ainsi que d’autres formes d’atteinte aux droits de l’homme, frappant ainsi des milliers de femmes, de filles et quelques fois des hommes », a déploré le Président de la République, dans son allocution de circonstance, dénonçant notamment le fait que l’abondance de nos richesses naturelles ne cesse d’attirer des prédateurs de toutes sortes.
Cette table ronde inclusive a comme objectif principal, a dit le Chef de l’État, de réunir autour d’une même table les parties prenantes concernées par la question, en vue d’échanger sur la mise en œuvre du Fonds national de réparation et de la loi portant sur la politique nationale de réparation.
Engagement
Le Chef de l’État a rassuré que la question de la responsabilité des crimes de violences sexuelles commis en RDC reste au centre des préoccupations majeures aux niveaux tant national qu’international.
Il a ajouté, par ailleurs, que le gouvernement de la RDC a signé son engagement International à veiller à ce que ces victimes et leurs membres de famille aient accès à la justice, pour un recours à une juste réparation, en accélérant le processus d’adoption de la loi portant création d’un fonds de réparation au profit des victimes des violences sexuelles.
Le Chef de l’Etat a enfin promis de faire de la réparation en faveur des victimes des violences sexuelles liées aux conflits, un devoir sacré, citoyen et mémoriel auquel aucun congolais ne pourrait se soustraire.
Plaidoirie de la Première Dame
Pour sa part, la distinguée Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, a lancé un cri d’alerte: » Ce n’est pas un appel à l’aide que je lance, c’est plutôt un cri d’alerte ». Pour l’initiatrice de la table ronde de deux jours, si une femme est violée, c’est une partie de toute notre société qui est détruite.
« Les survivants des violences sexuelles se retrouvent souvent en précarité économique et nombreux sont rejetés par la cellule familiale(…) et la communauté. Il est temps de changer le narratif… », a-t-elle martelé, réitérant son engagement solennel, en tant que Championne des Nations Unies pour la prévention des violences sexuelles liées aux conflits, à porter la voix des femmes dont les droits traînent à être reconnus.
De son côté, le ministre des Droits humains, Albert Fabrice Puela, qui a trouvé en ces assises « le premier échange sur la honte de notre temps, à savoir les violences sexuelles basées sur le genre », a proposé que le futur fonds de réparation s’étende, dans sa prise à charge, aux « autres victimes graves », notamment celles des assassinats à grande échelle de Makobola, Mwenga, Hema/Lendu et Kamuina Nsapu…
Pour Albert Puela, la création du Fonds de réparation des victimes des violences sexuelles et d’autres crimes sera une réponse aux souffrances physique, morale, psychologue et autres endurées par des victimes pendant plusieurs décennies, a dit le ministre Puela.
La représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies, en charge de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, a qualifié ces assises d’historique car, dit-elle, l’espoir est permis pour une réparation véritable en faveur des victimes des violences sexuelles.
Pour Pramila Patten, ces assises constituent « un message fort envoyé par le Chef de l’Etat congolais soutenu par son épouse » à l’opinion internationale qui a naguère qualifié la RDC de « capitale mondiale du viol ».
« La réparation est une question de justice et de droits de l’homme, il n’y aura donc pas de justice tant que la justice ne sera pas rendue aux victimes », a-t-elle affirmé.
Cri de détresse des survivantes
Auparavant, la Coordinatrice nationale du mouvement des survivantes des violences sexuelles, Tatiana Mukanire, a plaidé, dans son intervention, pour la réparation en faveur de « 3.000 survivantes, jadis dans six provinces du pays, mais aujourd’hui disséminées dans d’autres entités dont Tshopo, Ituri, Tanganyika et Kasaï Central ».
« Notre corps a été utilisé comme champ de bataille. Nous vivons dans le mépris et l’oubli total de la communauté. Que la réparation nous aide à mourir la tête haute », a déclaré Tatiana Mukanire, après avoir déploré la mort et/ou la paralysie, dans l’anonymat, de certaines survivantes des violences sexuelles.
Elle a enfin cité notamment, à titre d’impact des violences sexuelles sur les victimes, la honte, la stigmatisation sociale et la prolifération d’enfants orphelins, «des bombes à retardement ».
Dr. Denis Mukwege, qui est intervenu à travers un message par visioconférence, a plaidé pour une justice véritable en faveur des victimes des violences sexuelles.
ACP/ODM/OB/KJI/GGK
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